J'ai déjà lancé ici quelques unes de mes réflexions autour de la fin de vie et de l'euthanasie. Actualité oblige, avec le rapport Sicard (que je n'ai pas encore eu le temps de lire même si je compte bien m'y atteler ...) (mais j'ai déjà 4 rapports en attente de lecture), il m'en vient quelques autres.
Plus je lis sur ce sujet, plus je réfléchis, et moins tout ceci est clair dans mon esprit.
Ce qui est plutôt une bonne chose je crois. Il me parait impossible à ce jour d'avoir une réponse simple sur ces questions.
Je crois de plus en plus qu'avoir une réponse simple à cette réflexion ne pourra être possible qu'après que notre rapport à notre système de santé et à la mort aura évolué. Beaucoup évolué.
On en revient à ce que je disais dans mon billet précédent sur l'éducation de la population au monde de la santé, à son fonctionnement et à ses enjeux. Et aussi ... à ses limites.
Le problème de la réflexion sur la fin de vie - comme presque toujours
en fait quand on touche à l'humain - c'est qu'il est quasiment
impossible de tirer des vérités générales tant chaque patient est
différent d'un autre de part son histoire, son entourage, ses réactions
et sa maladie.
- D'un côté on a des gens qui demandent à ce que l'euthanasie soit légalisée parce que l'idée d'avoir cette possibilité les réconforte. Ils ne feront pas forcément ce choix si la question se pose mais savoir qu'ils peuvent l'avoir les réconforte. En général leur volonté est d'avoir une fin de vie qui ne leur fasse perdre ni leur dignité, ni le "contrôle" de leur vie. J'ai une amie dont le grand père s'est suicidé après avoir appris qu'il souffrait d'un cancer à un stade avancé. Il a pris le temps de mettre ses affaires en ordre, de dire au revoir à toute sa famille sans que ceux-ci le réalisent et il a mis un terme à sa vie. Mon amie me disait qu'elle n'avait absolument pas été étonnée, tellement cette façon de faire correspondait à son grand père et le contrôle qu'il avait eu de sa vie.
- A l'exact opposé il y a les patients qui sont terrorisés à l'idée d'être euthanasiés sans qu'on leur ait demandé leur avis. Cette amie dont je parlais plus haut a sa grand mère qui a fait un infarctus quelques heures avant son opération de la hanche stressée qu'elle était qu'on profite de l'opération pour l'euthanasier.
Peut-être que légaliser
l'euthanasier aurait avant tout cet avantage là : rétablir la confiance
dans les soignants en instituant une procédure encadrée et
transparente.
J'ai lu avec attention les différentes
interventions publiées dans le Monde le 14 décembre. Ces interventions
étaient riches d'un nombre incalculable d'éléments intéressants.
Dans l'une d'elle on évoque cet article ([en] - 13 pages mais vraiment captivant)
sur l'attitude des patients (et de leur famille) face à la fin de vie.
Et parfois le refus d'arrêter les traitements alors que les équipes de
soin les y poussent.
On parle souvent de l'acharnement thérapeutique engagée par les équipes mais rarement de l'impréparation des patients à l'annonce de leur mort prochaine et à l'abandon de soins curatifs pour entrer dans les soins palliatifs.
J'ai aussi lu un
nombre incalculable de fois que la loi Léonetti n'était pas assez
appliquée car méconnue des soignants. Franchement je pense cette analyse
fausse, le grand public ne la connaît sans doute pas encore assez mais
les soignants (les médecins notamment) connaissent bien cette loi, de
mieux en mieux assurément. Ce n'est pas pour cela qu'elle peut être
appliquée ... si les patients la refusent. C'est une façon intéressante
de reconsidérer les choses.
J'ajouterai que j'ai apprécié de lire la contribution sur ce sujet de Marta Spranzi, philosophe, tant il est rare (malheureusement) que des gens hors du milieu de la santé soit audible. (je vous mets le lien mais il faut un accès abonné pour lire cette contribution)
Et mène dessus une réflexion intelligente.
Oui j'ose le dire franchement. Trop souvent la question de la fin de vie est ramenée à un raisonnement simpliste qui permet certes d'être tranché mais rarement d'être pertinent et encore moins d'englober l'ensemble de la problématique.
Mais pour en saisir tous les enjeux il faut aller plus loin que ça ...
J'ai lu dans plusieurs endroits que d'après les sondages environ 90% des français seraient favorables à l'euthanasie (sans avoir réussi à remonter auxdits sondages ... et je suis à titre personnel très surprise d'un chiffre aussi élevé).
Très bien mais si c'était à eux de pratiquer l'euthanasie - au lieu de la déléguer aux médecins ou aux infirmières ce qui est en général l'idée admise par le grand public - seraient-ils autant à être favorables? La moindre des choses c'est aussi d'envisager la question ainsi.
C'est plus facile d'être favorable à quelque chose qu'on n'aura pas à faire soi-même...
Quand je vous disais que sur ce sujet rien n'est simple.
Ma mère a toujours dit qu'elle se ferait sauter la cervelle avant d'avoir besoin d'être parquée dans une maison de retraite. La connaissant, je suis sûre qu'elle en sait assez pour ne pas se louper.
RépondreSupprimerAprès, dans la mesure du possible, est-ce que ça ne serait pas au patient lui-même de faire le dernier geste? Qu'on lui donne tous les outils, adaptés à ses forces. Parce que demander à un enfant de tuer son parent, ou à une personne de tuer son conjoint, même si c'est dans le but d'éviter les souffrances et que c'est la volonté exprimée de la personne souffrante, c'est peut-être un peu dur à avaler.
Eh bien disons que dans ce cas là l'euthanasie existe déjà, ça s'appelle le suicide. Et à priori ça ne satisfait pas grand monde ...
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