En décembre dernier, une jeune femme de 25 ans a porté plainte contre les laboratoires Bayer qu'elle rend responsable de l'Accident Vasculaire Cérébrale (AVC) qui l'a frappé lorsqu'elle n'avait que 18 ans. Cet AVC aurait été provoqué par la prise d'un contraceptif de 3ème génération. 30 autres femmes devraient lui emboîter le pas et je ne serais pas surpris de voir qu'il y en a encore à venir.
Qui sont elles ?
Ont-elles des antécédents familiaux ?
Fument elles ? (le tabac provoque une multiplication par 10 des risques d'accident vasculaire)
On n'en sait rien, mais l'heure de l'hallali a sonné.
Qui sont elles ?
Ont-elles des antécédents familiaux ?
Fument elles ? (le tabac provoque une multiplication par 10 des risques d'accident vasculaire)
On n'en sait rien, mais l'heure de l'hallali a sonné.
Depuis quelques semaines, les médias en tout genre se déchaînent contre les contraceptifs de 3ème et de 4ème génération (Pour faire la différence entre générations), tenant ainsi leur nouveau "scandale sanitaire" qui concernerait entre 1 et 2 millions de femmes, tout de même.
Alors oui, les pilules de 3ème et 4ème doublent le risque de faire un accident vasculaire (qui ne se résume pas à l'AVC ou l'embolie pulmonaire). Cependant, ce risque reste inférieur à celui d'une grossesse, ce qui relativise fortement l'importance du scandale (très bon topo sur les risques de la contraception sur Atoute.org).
Cet emballement médiatique me laisse un goût âcre dans la bouche car elle témoigne d'une certaine fébrilité sur les sujets de santé. Le Médiator est passé par là et personne ne veut porter la moindre responsabilité. Ce n'est pas la première fois que ces contraceptifs sont sur la sellette, mais là, on a passé la seconde. Le pire, c'est que les autorités de santé suivent.
Que l'on arrête le remboursement de ces traitements, ça me paraît légitime si le Service Médical Rendu (SMR) du médicament n'est pas jugé suffisant.
Que l'on recommande ces traitements en seconde intention compte tenu du risque accru par rapport aux contraceptions de 1ère et 2ème intention, cela me parait normal.
Mais qu'on propose de retirer des médicaments si leurs ventes ne baissent pas suffisamment, cela frôle l'absurde.
Pourquoi ne pas les retirer tout simplement ? (pour un risque d'accident vasculaire inférieur à celui d'une grossesse, je le rappelle). Et cela aura quel impact sur les comptes de l'Assurance Maladie ? Ça ressemble plus à de l'agitation pour montrer que l'on fait quelque chose. Lorsque l'on regarde l'histoire du médicament sur une longue période, on constate que "l'appétence au risque" des autorités de santé joue au yoyo et qu'après un scandale sanitaire (Thalmidomine, Distilbène, Médiator), il y a un coup de volant vers le tout sécuritaire. Quand la peur prend le dessus, cela n'est jamais bon.
Cette envolée médiatique me fait furieusement penser à celle qui a suivi la diffusion grand public des résultats de l'étude WHI en 2002-2003. L'étude WHI contestait l'intérêt des Traitements Hormonaux Substitutifs (THS) dans les troubles de la ménopause et montrait un risque accru de cancer du sein ou du colon. Je vous laisse imaginer (ou vous rappeler) la frénésie à l'époque, les raccourcis faciles (les THS donnent le cancer). Or, la transmission du savoir sacré vers le profane est ardue. L'étude américaine n'utilisait pas les mêmes traitements qu'en France, les femmes traitées étaient plus âgés que les patientes traitées en France, le taux de surpoids plus important... Cela n'a toutefois pas empêché l'emballement médiatique car le grand public ignore les subtilités de l'Evidence Based-Medicine (EBM : Médecine par les Preuves).
Il s'avère qu'à cette époque, je travaillais avec des gynécologues. Un soir, j'en croise un totalement déprimé qui m'explique ses craintes de "perdre" ses patientes, de voir tous les efforts faits pour améliorer le suivi gynécologique des femmes ménopausées foutus en l'air.
10 ans plus tard, je crois savoir que les résultats de l'étude WHI ont été largement relativisés. En revanche, je n'ai trouvé aucune trace d'études sur une éventuelle dégradation du suivi gynécologique (d'ailleurs, si vous en avez une, je suis preneur). Au final, tout ce battage n'a réussi qu'à mettre le doute dans la tête des femmes pour pas grand chose.
[Edit 03/01/2013 - 14h30]
Pour en revenir aux pilules, il faut rappeler que la contraception n'est pas un médicament comme les autres. Il ne guérit rien. Il permet aux femmes d'être maîtresse de leur corps en évitant les grossesses non désirées. Prendre une contraception est un choix personnel et il me semble important que toutes femmes s'informent personnellement sur les choix qui s'offrent à elles. En regardant les réactions sur les médias sociaux, j'ai été impressionné par la dépendance des femmes aux informations (rarement ?) données par le corps médical. Tout aussi impressionné par le nombre de femmes qui découvre, ces jours-ci, la génération de leur contraceptif.
Dans un communiqué à l'AFP, Véronique Séhier, du Planning Familial, s'inquiétait de la diabolisation possible de la pilule et du risque que les femmes abandonnent leur contraception, de peur de l'accident vasculaire. Principale conséquence de cette abandon ? L'augmentation des grossesses non désirées et donc, du recours à l'IVG.
L'esprit humain est ainsi fait que parler du risque lié aux pilules de 3ème et 4ème génération se résume pour un nombre important de femmes à un risque lié aux pilules sans distinction de génération.
Si je devais répondre par l'absurde à cette polémique absurde, c'est qu'en arrêtant arbitrairement leur pilule de 3ème génération, les femmes prennent un risque plus important de 50% d'accidents vasculaires, car la grossesse est plus risquée qu'une pilule, quelque soit sa génération. De là à interdire la grossesse, il n'y a qu'un pas.
Il serait bon que tout le monde garde son calme et laisse la justice suivre son cours, puisque c'est le chemin qui est emprunté.
Que l'on arrête le remboursement de ces traitements, ça me paraît légitime si le Service Médical Rendu (SMR) du médicament n'est pas jugé suffisant.
Que l'on recommande ces traitements en seconde intention compte tenu du risque accru par rapport aux contraceptions de 1ère et 2ème intention, cela me parait normal.
Mais qu'on propose de retirer des médicaments si leurs ventes ne baissent pas suffisamment, cela frôle l'absurde.
Pourquoi ne pas les retirer tout simplement ? (pour un risque d'accident vasculaire inférieur à celui d'une grossesse, je le rappelle). Et cela aura quel impact sur les comptes de l'Assurance Maladie ? Ça ressemble plus à de l'agitation pour montrer que l'on fait quelque chose. Lorsque l'on regarde l'histoire du médicament sur une longue période, on constate que "l'appétence au risque" des autorités de santé joue au yoyo et qu'après un scandale sanitaire (Thalmidomine, Distilbène, Médiator), il y a un coup de volant vers le tout sécuritaire. Quand la peur prend le dessus, cela n'est jamais bon.
Cette envolée médiatique me fait furieusement penser à celle qui a suivi la diffusion grand public des résultats de l'étude WHI en 2002-2003. L'étude WHI contestait l'intérêt des Traitements Hormonaux Substitutifs (THS) dans les troubles de la ménopause et montrait un risque accru de cancer du sein ou du colon. Je vous laisse imaginer (ou vous rappeler) la frénésie à l'époque, les raccourcis faciles (les THS donnent le cancer). Or, la transmission du savoir sacré vers le profane est ardue. L'étude américaine n'utilisait pas les mêmes traitements qu'en France, les femmes traitées étaient plus âgés que les patientes traitées en France, le taux de surpoids plus important... Cela n'a toutefois pas empêché l'emballement médiatique car le grand public ignore les subtilités de l'Evidence Based-Medicine (EBM : Médecine par les Preuves).
Il s'avère qu'à cette époque, je travaillais avec des gynécologues. Un soir, j'en croise un totalement déprimé qui m'explique ses craintes de "perdre" ses patientes, de voir tous les efforts faits pour améliorer le suivi gynécologique des femmes ménopausées foutus en l'air.
10 ans plus tard, je crois savoir que les résultats de l'étude WHI ont été largement relativisés. En revanche, je n'ai trouvé aucune trace d'études sur une éventuelle dégradation du suivi gynécologique (d'ailleurs, si vous en avez une, je suis preneur). Au final, tout ce battage n'a réussi qu'à mettre le doute dans la tête des femmes pour pas grand chose.
[Edit 03/01/2013 - 14h30]
Pour en revenir aux pilules, il faut rappeler que la contraception n'est pas un médicament comme les autres. Il ne guérit rien. Il permet aux femmes d'être maîtresse de leur corps en évitant les grossesses non désirées. Prendre une contraception est un choix personnel et il me semble important que toutes femmes s'informent personnellement sur les choix qui s'offrent à elles. En regardant les réactions sur les médias sociaux, j'ai été impressionné par la dépendance des femmes aux informations (rarement ?) données par le corps médical. Tout aussi impressionné par le nombre de femmes qui découvre, ces jours-ci, la génération de leur contraceptif.
Dans un communiqué à l'AFP, Véronique Séhier, du Planning Familial, s'inquiétait de la diabolisation possible de la pilule et du risque que les femmes abandonnent leur contraception, de peur de l'accident vasculaire. Principale conséquence de cette abandon ? L'augmentation des grossesses non désirées et donc, du recours à l'IVG.
L'esprit humain est ainsi fait que parler du risque lié aux pilules de 3ème et 4ème génération se résume pour un nombre important de femmes à un risque lié aux pilules sans distinction de génération.
Si je devais répondre par l'absurde à cette polémique absurde, c'est qu'en arrêtant arbitrairement leur pilule de 3ème génération, les femmes prennent un risque plus important de 50% d'accidents vasculaires, car la grossesse est plus risquée qu'une pilule, quelque soit sa génération. De là à interdire la grossesse, il n'y a qu'un pas.
Il serait bon que tout le monde garde son calme et laisse la justice suivre son cours, puisque c'est le chemin qui est emprunté.
J'ai pris pendant environ 15 ans une pilule de 3eme génération (cilest) sachant que lorsque le médecin me l'a prescrite c'était tout nouveau et qu'en plus je fumais comme un pompier, il m'avait bien mis en garde contre les risques (avc, thrombose...). Et il en remettait une couche à chaque consultation. Mais à 18-20 ans, on se dit qu'on ne craint rien, on se sent invincible.
RépondreSupprimerJ'ai eu du bol. Pas la demoiselle qui a porté plainte.
Je la juge pas. Je me demande juste si moi dans le même cas j'aurai porté plainte (alors que je connaissais parfaitement les risques que je courais avec mes 20 clopes/jour)
Obtenir le consentement eclairé en medecine est qqch d'extremement compliqué et absolument pas protecteur pour le medecin. Il aura beau avoir fait son job, en cas de probleme, ce sera en general de sa faute
RépondreSupprimerLes temps ont changé aussi, il y a 20 ans on portait moins (pas?) plainte que maintenant contre les médecins.
RépondreSupprimerUne étude a montré qu'il n'y avait pas d'augmentation de la judiciarisation dans les affaires de santé. Pourtant c'est l'impression que tout le monde a. Peut-être qu'on remet plus en cause ce que dit le médecin qu'il y a 20 ans?
SupprimerDans le cas present, le probleme n'est pas (encore) judiciaire, mais médiatique. Ca me semble plus grave car c'est hors de tout controle
SupprimerJe ne comprends pas cette phrase :
RépondreSupprimer"ce risque reste inférieur à celui d'une grossesse,"
Le risque sur combien de temps?
9 mois?
une pilule 3G, c'est 4 chances sur 10.000 d'un incident thrombo-embolique (par an)
Supprimerla grossesse, c'est 6 chances sur 10.000 (et par an)
4 étant inférieur à 6, on peut conclure que "ce risque [d'accident thrombo-embolique sous pilule 3G] reste inférieur à celui d'une grossesse,"