jeudi 30 août 2012

Le cancer, ce croque-mitaine!

Il y a quelques semaines, l'INCa (institut national du cancer) et l'INPES (institut national de prévention et d'éducation pour la santé) ont publié leur baromètre cancer 2010.
(Oui je sais on est en 2012 ... faut pas être pressé)

Vous pouvez consulter le dossier de presse , et le rapport entier par .
(C'est vraiment très intéressant, je ne peux que vous encouragez à parcourir au moins le sommaire et voir ce qui vous intéresse)

Au milieu de tous les chiffres il y en a un qui m'a choquée : le cancer est considéré par 69,6% des français comme la maladie la plus grave devant le sida (18%).
En 3e position? Les maladies cardio-vasculaires ... 4,3%.
[nb : si vous lisez le dossier de presse vous trouverez respectivement par maladie les chiffres : 71% - 46% - 30%, pourtant en lisant le rapport détaillé, vous ne trouverez pas les mêmes chiffres ... si quelqu'un peut m'expliquer ...]

Autant dire que le cancer gagne de très haut la palme de la terreur.
L'INCa aurait plutôt tendance à se réjouir de ce chiffre. Moi ça me chagrine.

Que les maladies cardio-vasculaires arrivent loin derrière le cancer et le sida, ça je peux le comprendre.
Mais que le sida soit loin de faire aussi peur que le cancer ... en dit long sur la médiatisation du cancer ou plutôt le manque de médiatisation du sida.

J'admets que si j'avais été interrogée pour l'étude, j'aurais sans doute cité moi aussi le cancer en premier. Par réflexe. Parce que je baigne là dedans au quotidien. Et ... parce que le sida a complètement disparu de nos écrans et donc de nos cerveaux.

J'essaye de me souvenir de la dernière fois où j'ai vu un reportage sur le sujet à la TV - un vrai reportage, pas l'appel au sidaction qui ne s'accompagne même plus d'une vraie communication sur le sujet - et j'ai beau chercher ... je ne trouve pas.

Depuis 1977, le cancer (ou lié à celui-ci) a été 5 fois "Grande Cause nationale" quand le Sida ne l'a été que deux fois. Certes il ne l'a pas été depuis 1989 alors que le Sida l'a été en 2005 mais le premier plan cancer a été lancé en 2003, un second en 2009 ... le plan VIH/Sida et les IST quant à lui a été lancé en ... 2010. Et oui il est forcément à la peine par comparaison.
Sans oublier que le cancer à son institut national - outil précieux s'il en est pour la recherche, la communication envers le public et entre les professionnels de santé, le soutien aux innovations, la centralisation des données, l'uniformisation des pratiques, etc... - alors que le sida ... l'attend encore.
Sans parler des budgets afférents, que je n'ai pas été voir, mais qui doivent être proportionnés de la même façon que les actions citées plus haut.


Pourtant quand j'y réfléchis, le Sida me fait infiniment plus peur que le cancer.
Je reconnais que je connais nettement moins bien cette maladie que le cancer. Mais le fait qu'elle soit transmissible par un simple rapport sexuel non protégé, qu'elle soit incurable dans 100% des cas (la trithérapie ou la quadrithérapie ne soigne pas! Elle vise à empêcher l'apparition du syndrome d'immunodéficience acquise et les maladies opportunistes), les traitements très lourds pour augmenter l'espérance de vie, les discriminations / rejets dont sont victimes les porteurs du VIH etc... autant de choses que je juge plus effrayante qu'un cancer qui tue souvent ... mais pas toujours, qui n'est pas contagieux, et dont les traitements sont très durs mais en général limités dans le temps.

Je suis aussi catastrophée par le faible niveau de connaissance que les gens ont de cette maladie et les fausses idées qui circulent. Surtout les jeunes. Surtout concernant les modes de contaminations.
Et moins on en parle, moins ça risque de changer.

Le fait est que le Cancer et le Sida sont deux maladies très graves mais on ne peut pas dire qu'elles bénéficient des mêmes moyens en France. Ce sondage n'en est que le reflet.

8 commentaires:

  1. Je pense que ce qui effraie davantage dans le cancer que dans le Sida, c'est qu'on peut tous avoir un cancer sans avoir eu de comportement à risque alors qu'on peut se prémunir du Sida. Il y a, j'imagine, une impression de posséder un certain contrôle vis à vis du Sida qu'on n'a pas sur le cancer.

    Par ailleurs, je pense aussi qu'on a tous (ou presque) au moins un proche qui est atteint ou a été atteint d'un cancer alors qu'on est loin de tous connaître une personne séropositive.

    Personnellement, je pense aussi que j'aurais répondu "cancer".

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    1. Oui tu as sans doute raison dans ce que tu soulèves. En même temps le contrôle qu'on pense avoir sur le sida est sacrément dépendante de la confiance en son partenaire.

      Il est vrai qu'on connait tous quelqu'un qui a (eu) un cancer mais sans doute aussi parce que les personnes séropositives ne le disent pas, il y a trop de discrimination.

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    2. Je me permet de ne pas etre d'accord avec toi. Il y a de la discrimination avec le cancer, c'est juste pas la même (n'espere pas emprunter a une banque avec un cancer).

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    3. Je doute qu'il soit plus aisé d'emprunter à une banque avec le sida ... D'autant plus que même s'ils sont imparfaits, des mécanismes ont été mis en place justement pour faciliter l'emprunt par les personnes ayant eu un cancer.

      Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de discrimination avec le cancer, mon propos était de dire qu'il y avait plus d'actions faites pour le cancer que pour le sida (et qu'on avait tendance à "oublier" cette maladie)

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    4. J'ai bien compris ton propos.
      Je suis d'accord avec toi sur la "préférence" de l'Etat pour le Cancer. Cela étant dit, je pense que le réseau associatif a une place très importante dans les actions mises en place

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    5. Je suis d'accord. Et je crois que la ligue contre le cancer (qui pourtant est morcelée) a plus de visibilité médiatique actuellement que AIDS (sur le terrain ... ça dépend mais je pense aussi en fait).

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  2. En te lisant, j'ai eu la même réflexion que Lizly : on a tous, dans son entourage plus ou moins proche, quelqu'un qui a été ou qui est atteint du cancer, alors que c'est moins courant pour le sida.
    J'avoue qu'avant de partager mon bureau avec un collègue séropositif, le sida était à des millions d'années lumière de mes préoccupations. Je sais, c'est pas bien...

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    1. C'est pas une question de "pas bien" ;-)
      Loin de là.

      Comme je l'écris, c'est juste que le Sida a disparu de notre champ mental. On n'y pense plus, on ne s'en préoccupe plus, parce qu'on ne nous en parle plus. Dans les années 90, l'épouvantail c'était le Sida.

      Maintenant c'est le cancer.

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