C’est
étrange – et moi je trouve même ça touchant- cette façon qu’on
les patient de chercher à créer du lien entre eux à la moindre
occasion : salle d’attente du médecin, salle d’attende de
la radiothérapie, salle de l’hôpital de jour où on va leur
injecter la chimiothérapie.
Il
y a ce signe de reconnaissance entre eux, cette « fraternité »
née du même parcours. Du même calvaire.
Et
le besoin d’échanger là-dessus.
D’échanger
et d’être écouté. Et surtout d’être compris.
J’ai
beau (et d’autres avec moi) faire preuve de toute l’empathie, de
toute l’écoute dont je suis capable il est vrai qu’il y aura
(toujours j’espère ^^’) cette barrière entre eux et moi :
je ne fais qu’essayer de comprendre/deviner ce qu’ils vivent,
mais je ne SAIS pas ce que c’est. Pas dans mon corps, pas dans ma
chair, pas dans ma tête.
Il
me manque ce crâne chauve qu’on cache, ses sourcils absents qu’on
dessine, cette teinte jaunâtre caractéristique, cette fatigue qui
broye, ce mal au cœur qui dégoute de toute nourriture, et tout le
reste. Il me manque tout ce qui fait la différence entre comprendre
et savoir.
Alors
ils se tournent vers « les leurs ». Parfois pour le pire
… « ah mais moi j’ai eu un cancer du sein, puis un
deuxième cancer du sein, puis là j’ai un cancer du cerveau. Moi
j’vous le dis, le cancer on ne s’en sort jamais ! »
(comment déprimer les autres en 1 phrase … ), souvent … pas pour
le meilleur, parce que cette période-là de leur vie ne pourra
jamais être un « meilleur » mais pour un mieux.
S’entendre dire – et montrer – que les cheveux repoussent, que
la fatigue diminue, que les douleurs disparaissent.
Et
pouvoir en parler. Librement.
Sans
être arrêté net et transpercé d’un « ah mais tu nous
saoules avec ta maladie, passe à autre chose » prononcé par
un enfant en colère, sans subir des réflexions en série sur « ça
te va bien de ne rien faire à part dormir pendant que MOI je fais
tout » d’un conjoint qui ne comprend pas que si la fatigue ne
se voit pas comme une jambe amputée elle ne s’en ressent pas moins
dans chaque cellule du corps.
Ne
pas s’entendre nier cette maladie et tous les changements –
bouleversements devrais-je dire - physiques et psychologiques qu’elle
a induits.
Je
comprends leur soif. Leur besoin d’avoir pendant quelques minutes
l’occasion de pouvoir dire tout, de parler de tout, d’être
compris sur tout. Je ne doute pas de faire pareil si je suis un jour
à leur place. Vraiment à leur place.
Certes
les personnes souffrant d’un cancer ne sont plus forcément
ostracisées et obligées de se cacher comme il fut un temps.
Mais
pour autant il y a encore du travail sur le regard que leurs proches
et la société pose sur ces malades porteurs d’une maladie qui ne
se voit pas.
Lorsque j'étais malade, je les fuyais mes compagnons de galère : beaucoup trop déprimants. Sans parler des plus bavards qui passaient leur temps à s'apitoyer sur leur sort.
RépondreSupprimerMais je suis peut être un cas à part, préférant papoter cinéma ou bouquin (j'avais le temps de lire...) avec des potes que maladie avec des cancéreux ;-)
MaO
Moi j'en vois pas beaucoup s'appitoyer. Mais bon c'est p'tet qu'ils ne me le montrent pas. Après parfois les autres malades clairement c'est l'enfer, je le dis aussi.
Supprimer(apparemment mes com' passent quand j'utilise Firefox, mais pas avec Safari, bizarre)
RépondreSupprimer(si tu pouvais désactiver ce P¨% de captcha, je t'en serait éternellement reconnaissante)
MaO
J'ai désactivé la captcha, j'attends une reconnaissance éternelle ;-)
SupprimerA y est reconnaissance éternelle acquise :-)
SupprimerIl est possible aussi que les malades ne s'épanchent pas pareil suivant qu'ils parlent à un autre malade ou au personnel médical.
MaO
Ah oui ça c'est certain, je n'en ai jamais douté. C'est pour ça que souvent je me mets en retrait pour écouter.
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