mercredi 12 septembre 2012

Refaire le chemin

Je n'arrive pas à comprendre - peut-être parce que je ne suis pas concernée - cette manie fréquente qu'on les gens atteints d'un cancer de chercher une explication intime à celui-ci.

Pas une explication rationnelle, médicale et scientifique qui viserait à s'approprier ces histoires de facteurs de prédisposition, d'interactions environnementales et de tout ce qu'on ne comprend pas bien encore sur cette maladie.
Non on est là sur quelque chose de ... mystique, oserais-je dire. 
Cette façon de relier sa maladie a un événement difficile, voire traumatisant, quand ce n'est pas dire qu'on s'est crée soi-même ce cancer par ses choix de vie ou son caractère.

Peut-être parce qu'à l'annonce de la maladie on parcourt à l'envers la vie qu'on a eu et on voit tout ce qu'on a raté, tout ce qu'on n'a pas fait, tout ce qu'on aurait du faire. Tout ce qu'on n'aurait pas du faire.
Affrontant regrets et remords.

Peut-être parce qu'on se dit qu'on a beaucoup couru en oubliant de profiter et qu'on pense payer cet oubli aujourd'hui.

Peut-être parce que la maladie exacerbe les blessures que l'on porte tous et que certains croient les somatiser ainsi.

Peut-être parce que l'esprit humain devant "l'injustice" de cette maladie a besoin de construire une explication, aussi irrationnelle soit-elle, à être touchée par elle plutôt que son voisin.

J'avoue... je déteste que les gens atteints d'un cancer fassent ça.
Je trouve ça malsain. Culpabilisant. Inutile.
Comme si au poids de la maladie il fallait rajouter un poids moral.
 
Et vouloir trouver des connexions entre des événements, réécrire l'histoire, interpréter certains pans de sa personnalité comme "prédisposante".

Il n'empêche que je m'interroge ...
Quand au bout de cette maladie il y a la mort, ces gens imaginent-ils qu'ils se sont conduits tout seul là?

2 commentaires:

  1. Tout simplement parce que quand ça t'arrive, tu épuises vite la question des facteurs environnementaux et des pré-disposition. Surtout quand tu fumes pas, tu bois pas (enfin si mais rarement), tu mènes une vie plutôt tranquille, tu te colles sur le corps que des trucs sans silicones ni aluminium, tu manges équilibré et plutôt bio et que le seul facteur tangible et rationnel serait à la rigueur la pollution de ta ville.

    Et quand dans le même temps le type avec qui tu as fait un enfant te pourri la vie tellement depuis 3 ans que c'est quasiment devenu comme une torture mentale, tu as vite fait de penser que c'est ce malaise là qui a déréglé un truc dans ton corps. Ou plus exactement que ton corps a réagit lui aussi alors que jusque là tout était seulement psychologique. En tout cas moi, pour mon cas à moi, j'en reste persuadée;-)

    MaO

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    1. Je sais que bien souvent on n'a pas de réponses satisfaisantes au "pourquoi moi?".

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